{Cycle Agora } IA au travail : entre délégation et déliaison
Description
Agora live : L’IA, entre délégation et déliaison – avec Thierry Taboy, référent IA à la CFE-CGC, membre du conseil d’administration d’Impact AI, collectif engagé pour une IA éthique et inclusive. Un échange animé par Laure Girardot, journaliste.
« L’intelligence artificielle ne transforme pas seulement les tâches. Elle transforme les liens. » Dans la continuité du documentaire, nous ouvrons ici un espace hors-saison : L’Agora du travail, cette fois-ci en version live.
Notre objectif reste le même : replacer le travail réel au centre de la conversation publique. Quelques minutes pour tendre le micro à un invité, mettre en lumière une idée forte, comprendre une fracture du travail moderne… et entrevoir des pistes de réponse.
On présente souvent l’intelligence artificielle comme une révolution technologique.
Mais ce qui se joue, selon Thierry Taboy, est bien plus profond : une transformation systémique du travail, des compétences… et de notre rapport au savoir.
Le programme LaborIA, piloté par l’INRIA et le ministère du Travail, a suivi pendant deux ans une trentaine d’entreprises et d’administrations pour observer comment l’IA s’intègre réellement dans le quotidien professionnel. Leur constat ? L’IA ne bouleverse pas seulement les tâches, mais les liens : entre humains, entre métiers, entre connaissances. Elle questionne la manière de collaborer, d’apprendre, de décider. Elle reconfigure les collectifs, déplace les frontières du pouvoir, et interroge la responsabilité.
Pour Thierry Taboy, l’IA générative a introduit une rupture comparable à celle de l’imprimerie : la diffusion massive des savoirs, mais aussi la possibilité de leur appauvrissement. Là où la machine à vapeur avait externalisé la force physique de l’humain, l’IA externalise désormais une part de sa réflexion.
Une délégation cognitive qui, mal encadrée, peut conduire à une perte d’esprit critique. Car plus on délègue la pensée, moins on pense soi-même.
Ce glissement n’est pas seulement technique, il est anthropologique. Dans beaucoup d’entreprises, l’IA accélère le passage d’un collectif de travail – vivant, discutable, traversé de désaccords féconds – à une simple coordination d’individus outillés. Une coordination peut être optimisée. Un collectif, lui, se cultive.
Et c’est justement cette culture du collectif que l’IA, si elle est mal gouvernée, peut éroder : moins de face-à-face, moins de temps partagé, moins de friction constructive.
« Le vrai défi des RH, aujourd’hui, ce n’est plus la gestion du personnel », rappelle Thierry Taboy. « C’est la gestion du sens dans un monde technique. »
Les compétences évoluent plus vite que les référentiels. Les métiers changent avant même d’être décrits.
Pour que l’IA soit un projet d’émancipation plutôt que d’automatisation, il faut impliquer les salariés dès le départ.
Pas seulement les former, mais leur donner voix au chapitre : co-construire les usages, co-piloter les outils, partager les audits.
Cette approche, déjà courante en Allemagne, devient aujourd’hui une exigence légale avec la régulation européenne de l’IA.
L’enjeu n’est pas technique : c’est un enjeu démocratique.
Car une IA conçue sans contre-pouvoir devient vite un automate sans boussole.
Crédit Musique "14 again Mosimann" par Sony Music Entertainment France SAS Source Canva pro pour un contenu à destination pédagogique public et non commercial
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.























